BIOGRAPHIE (2)
La vie de Tournemire en 5 grands points
La composition
Charles Tournemire créa son langage propre, tout de couleurs, de sensations et
d'images. Il excelle aussi bien dans les subtiles esquisses que dans les fresques
somptueuses. Son art vaut autant par la nouveauté du langage harmonique, par la
liberté du rythme ainsi que par la recherches de couleurs nouvelles grâce à la
registration. Le chant grégorien était sa principale source d’inspiration mais il trouva
également ses inspirations dans la musique médiévale et hindoue.
La Foi
Fervent catholique, ayant une foi mystique et profonde, Tournemire tenait en haut
estime son service d’organiste liturgique. Tout au long de sa carrière il ne cessa pas de
servir la liturgie. A la fin de sa vie, il projeta de rédiger un livre qui devait porter le titre
« De haute mission de l’organiste à l’église ». Il était irrité par certains de ses
confrères organistes qui ne partageaient pas ses convictions religieuses et qui
écrivaient des pièces profanes. Ainsi, il écrivit « La musique d’orgue où Dieu est
absent, est un corps sans âme. ». Grand défenseur du Grégorien et de la liturgie, il
était très proche du clergé régulier (Bénédictins) et était, avec sa femme, membre du
Tiers-Ordre Fransiscain.
L’improvisation
Tournemire fut un improvisateur hors paire. Il hérita ce don de son maitre César
Franck, qui tenait beaucoup à cette discipline qu’il enseignait avec rigueur à ses
élèves.
Ses contemporains comme Maurice Emmanuel, Maitre de Chapelle de la Basilique Ste
Clotilde, fut un témoin direct de cette transmission :« Qu’il soit pourtant permis à un
compagnon d’armes de Charles Tournemire, de se reporter aux temps héroïques où,
a Ste Clotilde, ils avaient de compagnie tenté de charmer leurs paroissiens par de
trop austères musiques. A entendre il y a quelques semaines, la vibrante
improvisation par laquelle s’est close la séance du réveil, j’ai revécu les heures
lointaines où j’écoutais Tournemire commenter l’Office et, à la Sortie, certains jours
déchainer à l’orgue de tragiques fureurs : car ce mystique s’est doublé d’un
authentique dramaturge. Si son art tend à la sérénité et volontairement s’installe en
paix, il a par instant des sursauts et secoue les claviers qui tout à l’heure, chantaient
avec recueillement, selon leurs fonctions liturgiques. ».
Ste Clotilde
Au centre d’une carrière musicale aussi riche, prenait place son orgue de Ste Clotilde,
qu’il adorait. Il entretenait une vraie relation affective, quasi charnelle avec son
instrument qu’il qualifia de « compagnon fidèle, confident de mes douleurs et de mes
joies ».
S’il admirait les timbres et la facture de Cavaillé-Coll, il fit des travaux
d’agrandissements selon ses gouts, en 1933. Le but de ces travaux portait surtout sur
la modification de la composition et de la mécanique. Les travaux furent confiés à
Joseph Beuchet-(Ets Cavaillé-Coll).
L’influence de César Franck
Elève de César Franck au conservatoire de Paris il avait une très grande admiration
pour ce dernier, le considérant comme son Maître, bien qu'il ne l'ait eu comme
professeur que durant une année. Franck fut pour lu, en quelque sorte, un père de
substitution « La bonté de César Franck était incommensurable. S’il vivait pour l’art
transcendant, il savait néanmoins se pencher sur la vie de ceux qui venaient à lui. Il
possédait, à un degré éminent, l’intelligence du cœur …Je perdis non seulement un
maître idéal, mais encore un père!». Toute sa vie, il conserva une grande affection
pour son Maitre et ses compositions furent une grande source d’inspiration.